Chère camarade, cher camarade,
Un Congrès est le moment pour chacun d’entre nous de prendre ses responsabilités.
Pourquoi sommes‐nous inquiets ?
Nous pressentons tous ce que sera l’intensité et la brutalité de la crise sociale que les français et les
européens vont subir de plein fouet et dont ils ne devinent que les prémices : plans sociaux,
délocalisations, licenciements, chute du pouvoir d’achat, dégradation des conditions de travail,
relégation sociale, recul des services publics. Le tableau est noir.
Nous savons aussi qu’il n’est pas automatique que cette crise mondiale génère un progrès. Car toute
crise sociale débouche tôt ou tard sur une crise politique. Et les conséquences de celle‐ci sont
aujourd’hui imprévisibles.
Vers qui se tourneront ceux qui jugeront leur avenir et celui de leurs enfants bouché, ceux qui
penseront que voter ne change rien à leur situation ? Vers les socialistes ? Peut‐être, mais rien n’est
sûr.
Partout en Europe les nationalismes, les replis communautaires ou xénophobes ressurgissent. Ils
prospèrent déjà sur le terreau d’une désespérance sociale croissante. Et cette menace grandit.
Dans ce contexte extraordinaire, notre responsabilité collective est d’abord de nous tourner vers les
nôtres : les milieux populaires, les salariés, les retraités, les chômeurs, les précaires, les jeunes, les
classes moyennes victimes du déclassement. Nous devons les assurer qu’au coeur des collectivités
que nous dirigeons et de l’opposition nationale que nous incarnons, nous serons les fers de lance de
la résistance au démantèlement des services publics, aux lois liberticides, à l’injustice fiscale ainsi
qu’à la poursuite de la dérégulation sociale : retraite à 70 ans, démolition du code du travail.
Mais résister ne suffit pas. Il faut aussi dire ce que nous voulons changer. Car nous assistons à la fin
d’une période historique. Il nous revient de dire si nous voulons participer activement à celle qui
s’ouvre. Reims peut être le théâtre d’un grand congrès socialiste, celui d’un parti redevenu architecte
et bâtisseur.
Pour cela, nous savons que nous devons préalablement changer nous‐mêmes. Le Parti socialiste
doit : changer d’orientation, changer de stratégie, changer de comportements.
Qu’est ce qui nous désole tous? La conviction que nationalement le PS n’est plus tout fait aux côtés
des français mais à coté de leurs problèmes. L’impression que notre parti, satisfait de ses mandats
locaux, reste uniquement occupé de lui‐même et que rien ne peut le divertir de ses querelles de
pouvoir.
Qu’est ce qui nous meurtrit tous? Le choc de voir Sarkozy à chacune de ses réformes, s’amuser des
tergiversations des socialistes quand il ne brandit pas carrément le soutien de quelques uns d’entre
eux.
Le 6 novembre 2008
Votez Motion C
Mais nous pouvons aussi être confiants. La crise mondiale convoque partout le retour de solutions
politiques qui appartiennent au répertoire de la gauche : redistribution des richesses pour freiner
l’explosion des inégalités, régulation des marchés, maitrise des échanges commerciaux, intervention
de la puissance publique dans le champ économique.
Sans le secours des Etats dont ils réclamaient et organisaient le démantèlement, que seraient
devenus les marchés financiers ? Nous savons maintenant que lorsque le politique prime, les marges
de manoeuvre existent. Rien n’est donc plus fatal. Et certainement plus, le fait que les inégalités se
creusent, que l’environnement se dégrade, que la pauvreté augmente en dépit d’une croissance
globale de la richesse mondiale.
La crise nous ordonne d’être courageux, volontaires et ambitieux. La droite radicale au pouvoir nous
commande d’être forts, résolus et rassembleurs. Le contexte appelle donc des réponses radicales et
crédibles à la fois.
C’est pourquoi je vous propose que le 6 novembre, nous mettions ensemble le parti socialiste sur la
voie de la reconquête et du changement.
Dans cette période de crise, nous devons être l’alternative aux réponses du gouvernement : mieux
vaudrait, par exemple, garantir l’accession des français à la propriété plutôt que voler au secours des
promoteurs. Nous devrons sans délai proposer un plan d’urgence sociale pour obliger le
gouvernement à mobiliser les moyens d’amortir les conséquences immédiates de la crise : moratoire
sur les libéralisations en Europe. Suspension de la privatisation de la Poste et création d’un pôle
financier public pérenne. Lutter efficacement contre les délocalisations, interdiction des
licenciements dans les entreprises qui réalisent des profits, baisses ciblées de TVA, augmentation des
minima sociaux, création d’un bouclier logement. Ce véritable bouclier social doit être financé par la
suppression immédiate du paquet fiscal.
Nous devrons simultanément préparer les conditions de la reconquête du pouvoir. C’est pourquoi je
milite pour l’organisation de conventions thématiques ouvertes à nos partenaires de gauche pour
préparer les axes d’un nouveau programme commun dont, la réorientation de la construction
européenne, la réforme fiscale, la politique salariale, le réexamen d’un libre‐échange sans limites par
sa mise en perspective sur le plan social, le développement durable, la VIème république ou le projet
éducatif global seront les thèmes centraux.
Nous avons aujourd’hui un monde d’avance sur la droite, du moins du point de vue théorique. Pour
relever l’épreuve de la crise sociale et politique qui s’annonce et pour engranger les conquêtes, il
faut maintenant convaincre nos concitoyens. Il faut incarner une gauche vivante et décomplexée.
Cela commence le 6 novembre. Nous avons réussi lors de ce congrès à être la motion qui rassemble.
Nos analyses, comme nos solutions sont aujourd’hui reprises par tous dans le parti. C’est pourquoi je
vous invite à voter nombreux pour la motion C sans autre considération que celle de notre avenir
commun, c’est le seul vote utile qui soit.
Nous pouvons réussir le changement.